Etude des cétacés dans le sud-est du Sanctuaire Pelagos - Part II - Journal de bord 3/4
Journal de bord

Du 25 au 27 septembre
Mercredi 25 septembre:
8 heures. Le réveil sonne pour l’équipe des Chocalottes (alias Hélène, Mélissa et moi) tandis que l'autre équipe est déjà sur le pont depuis l’aurore. Nous avons quitté le magnifique port de Giglio et voguons en direction de l’infini et l’au-delà horizon moutonneux et houleux. Malgré un début de prospection prometteur vers des conditions meilleures, celles-ci deviennent peu à peu difficile. Moutons et houle signent la fin de la prospection matinale sur le transect sud. Nous remontons en navigation voile sans effort, en direction de Giglio. J’espère voir un souffle, une nageoire, un splash... Je me cale à côté du mât, notre soutien durant ces longues heures de prospection. Je scrute, guette, cherche, observe sans fin ces milliers de moutons à l’horizon. Marion me rejoint. Son mal de mer, toujours là, lui gâche un peu cette aventure. Mais que serait une aventure sans ces aléas ? Nous scrutons ensemble cette mer sans fin... Un Puffin de scopoli approche de son vol fluide si caractéristique au dessus des vagues agitées. Magnifique! Malgré l’absence totale de cétacé, je me régale à observer les oiseaux marins et ... Non marins, tel que le Faucon crécerelle, le Busard des roseaux ou encore de petits passereaux... C’est avec étonnement que l’on a pu dénombrer quelques espèces dont les mœurs sont habituellement très peu marines. Les échanges insulaires sont constants et, à mon grand étonnement, il n’est pas si rare de croiser insectes volants et oiseaux terrestres en pleine mer.
13 heures. Terre en vue! Après une magnifique manœuvre de Julie et Jonathan, nous mouillons, à la fois le bateau et les maillots sur le côté nord de l’île de Giglio pour éviter ces conditions difficiles d’observation. Chacun vogue à ses occupations: rédaction de rapport, lecture, sieste, bronzage, sport et SNORKELLING! Palmes au pied, masque et tuba sur la tête, nous voilà parties Léana, Hélène et moi, à la conquête des profondeurs rocheuses. Cette île intense recèle de sacrés trésors : girelle, gobbie, méduse pélagia, étoile de mer, oursin, crabes tropicaux, orphies et autres merveilles aquatiques! A défaut de voir des splashs, nous nous régalons par cette multitude de vie sous-marine.
16 heures. Remontée rapide à bord du Corsica sailing, nous reprenons la mer pour une prospection hors protocole autour de l’île, avant de rentrer au port de Giglio par le nord. Les conditions sont bonnes, même excellentes en cette fin d’après-midi. Non, disons le clairement, ce fut les meilleures conditions depuis notre départ de Corse. Ni houle, ni moutons à l’horizon, juste quelques rides viennent perturber l’eau. Tout le monde est sur le pont et scrute avec espoir la mer Méditerranée. Rien à perte de vue, à l’exception des bateaux de pêche de plaisance.
17 heures 45. Notre skippeuse et guitariste bretonne arrive à 17h45 tapante au port pour remplir de gasoil les réservoirs vides du catamaran. Direction le ponton pour un magnifique amarrage de Julie et Jonathan, puis une déception. Nous apprenons que des dauphins ont été vus deux heures plutôt sur la côte est de Giglio...
18 heures 30. Après quelques emplettes aux petites épiceries du coin, nous préparons un repas à l’italienne. Tomates mozzarella et son pesto au basilic accompagnées de ses pizzas ! Mama qué bueno! Puis c’est mission Fort boyard avec le remplissage des réservoirs d’eau avec des sceaux. Un magnifique travail d’équipe qui a été observé minutieusement par les locaux.
Giglio by night: Pour finir cette journée et nous consoler de cette absence de cétacé, nous partons au glacier. Glace exquise chocolat-figue maison, je comble le manque de cétacé par ce dessert sucré, puis par un smoothie pêche-ananas au bar du coin. Pour les autres, c’est plutôt bierre, mojito et spritz. Cette charmante ville pittoresque de Giglio nous permet de nous ressourcer avant la journée de demain, que l’on espère tous remplie d’observation.
NB: Kiki le papillon, notre compagnon de route durant ce voyage s’est métamorphosé à côté de son odorant basilic. Malheureusement, cette naissance rapide s’est finie par une mort tragique. Kiki, dans son élan de vie, s’est à demi envolé puis noyé dans la grande bleue. Kiki, paix à ton âme.
Aurélia
Jeudi 26 septembre : Cette journée aurait pu être résumée en un seul mot : MAGIQUE !!! Mais on m’a demandé de donner un peu plus de détails !
Matinée : Le départ initialement prévu à 7h a été reporté à 11h suite à du vent trop fort ; nous laissant le temps de découvrir l’île de Giglio côté terrestre. Après un petit déjeuner de luxe (croissants à bord), la journée a commencé par une magnifique balade jusqu’au Fort pour la moitié de l’équipage ! Au moins 3 espèces de lézards et de tarentes ont égayé la montée jusqu’au château, avec plus d’une centaine d’individus observés. La petite pépite était l’observation furtive d’un serpent noir non identifié. Il ne faut pas non plus oublier l’observation d’un faucon crécerelle, de quelques têtards et d’un chasse de poissons par un cormoran dans l’eau du port ; tout ça sous l’oeil expert de notre naturaliste Aurélia !
De retour au bateau, le départ de cette petite île pittoresque est lancé. A nous les Cétacés !
13h :Changement des équipes en observation et repérage d’un souffle au loin par notre super cheffe de mission ! Arrivés sur place, un cachalot nous laisse voir sa belle caudale en sondant. Nous avons ensuite tous pu entendre le doux son de cet animal sous l’eau grâce à la pose de l’hydrophone. Mais ce n’est pas tout... Des petits sons caractéristiques nous indiquent la présence de dauphins dans le secteur ! 2 coups de jumelles et nous voilà parmi un groupe de dauphins bleus et blancs qui viennent nous rendre visite à l’étrave. De quoi nous faire patienter pendant les 50 minutes de sonde de notre cachalot qui a refait surface non loin du bateau et est resté un bon moment en surface avant de sonder une nouvelle fois.
16h : Les bonnes conditions météos et les profondeurs importantes nous font espérer la présence d’une belle faune marine. Au détour d’un ramassage de déchets (matelas gonflable qui permet de garder la frite), 2 souffles sont aperçus au loin ! Alors que nous entamons notre route jusqu’à eux sur une distance de 2km, ils disparaissent mystérieusement... Souffles identifiés comme du cachalot d’un côté, comme du rorqual de l’autre, sondes importantes, pas de son à l’hydrophone ; étrange... Après plus d’1h d’attente, nous capitulons et laissons cette observation fantôme derrière nous.
18h: Julius Jordan*s repère à nouveau un souffle au loin ! Nous sommes dans le même périmètre (à 2 miles près) de l’observation de 16h. Le mystère est éludé par l’identification de 2 baleines à bec de Cuvier ! Pour la plupart d’entre nous, il s’agit de la première rencontre avec cette espèce bien discrète (comme nous avons pu le constater). Juste le temps de prendre un ou deux clichés avant qu'ils ne disparaissent.
La journée «d’effort» se termine sur cette observation fabuleuse !
20h: Alors que tout le monde s’est rafraîchit (et lavé) dans l’eau ; que le saucisson et les raviolis ont été bien consommés (pas par tous) après cette bonne journée, des dauphins bleus et blancs viennent nous rendre visite, faisant des tours et détours près du bateau, venant à l’étrave, disparaissant quelques minutes puis refaisant surface ensuite. Tout ce spectacle sur une mer d’huile et par un ciel étoilé laissant voir sa voie lactée. Même quelques libellules (probablement tout juste envolées d’une île alentour) sont venues profiter du spectacle sur le bateau. Un rêve éveillé !
Mélissa
Vendredi 27 septembre: La journée de prospection débute à 7h15 sur une mer plutôt peu agitée mais quelques groupes de dauphins bleus-et-blancs sont quand même observés le long de notre route. Vers 9h les conditions s’améliorent et 2 grosses détonations aérienne nous font sursauter... Nous sommes sans doute sur une zone d’entraînement militaire. Dès la fin de la matinée, les conditions s’améliorent encore et resteront parfaites jusqu’à la fin de la journée. A 12h30, 3 grosses masses sombres sont aperçues sur l’horizon, à environ 3500 m en direction de l’ile de Monte Cristo. Nous sommes deux à les voir avant qu’elles ne disparaissent. Ni souffle, ni caudale ne sont vus au moment de la sonde. Nous faisons route vers le point d’observation puis plongeons l’hydrophone. Aucun son n’est capté. Une nouvelle observation fantôme ... La journée se poursuit avec une jeune tortue caouanne et se termine avec de nouvelles observations de dauphins bleus-et-blancs dont une particulièrement sympathique: un groupe venu à l’étrave dans une eau parfaitement lisse avec deux jeunes petits près de leur mère. Un joli moment ! La nuit en mer se fait dans d’excellentes conditions et quasiment pas de vent.
Julie