Dimanche 6 mai 2018. Première sortie Découverte du Vivant de l'année au départ de Sanary, et première réussite ! Dans une semaine particulièrement pluvieuse, nous avons la chance de naviguer par temps sec, pratiquement sans vent, sur une mer belle avec une faible houle, et la couverture nuageuse ne gène pas la belle luminosité. Le GECEM est présent en force sur cette sortie, avec Anne-Laure Minardi, Franck Dupraz, Frank Dhermain, Mélanie Le Bournot, Richard Andrianarisoa. La team de Découverte du Vivant est forte de Thomas Roger, Maxime Briola et Aurélien Guay, et les ornithos de qualité ne sont pas en reste, puisque Victor Piozin et Pierre-André Crochet, un des meilleurs spécialistes français, sont également à bord. Rien ne devrait nous échapper ! Dès le passage des Embiez, de beaux radeaux d'une centaine de Puffins de Scopoli et des groupes plus discrets de Puffins yelkouans ouvrent les observations, ainsi qu'un premier Poisson lune de belle taille. Il faut dire que les vélelles, ces petites méduses bleues dont ils se nourrissent, sont particulièrement nombreuses cette année.

10h00 : à 3 milles à peine du Cap Sicié sur des fonds de 700 m, un Rorqual commun en train de se nourrir, donc peu enclin à se laisser approcher. Sa nageoire dorsale est doublement entaillée à la base. Ce sera la seule observation de l'espèce de la journée, mais la preuve que les rorquals sont déjà arrivés, depuis leur aire d'hivernage dans le sud de la Méditerranée.

A peine, plus loin, de nouveau un Poisson-lune, un des plus gros que j'aie jamais vu, flotte à la verticale. Thomas Roger explique qu'on ne voit pas toujours les poissons-lunes dans cette position verticale, et qu'ils aiment bien flotter comme des galettes à la surface de la mer, notamment pour attirer les goélands et se faire déparasiter. Justement, un Géland leucophée 2ème année le survole à ce moment là, aussitôt le poisson-lune se retourne et présente son flanc, le goéland se pose à côté, voire dessus, et lui arrache quelques parasites ! C'est ce qui s'appelle connaître son sujet.

Un peu plus loin au large de Toulon, vers 12h30, un premier groupe de Dauphins bleu-et-blanc nous gratifie de quelques sauts lorsqu'ils s'approchent, curieux, de notre navire. Eux aussi semblent en chasse, et moyennement intéressés. Quelques uns d'entre eux viennent cependant à l'étrave pour le plus grand plaisir des passagers. Il en sera ainsi pour les trois groupes rencontrés dans les deux heures suivantes, pour un total d'une quarantaine d'individus.

La mer est par endroit tapissée de vélelles, la plupart en train de mourir. Une nappe ultra-marine. Aurélien sort l'épuisette, et remonte sur le pont une brassée d'animalcules marins, pour une leçon d'histoire naturelle en direct. Aux côtés des vélelles, hydrozoaires pélagiques, on trouve leurs prédateurs : de gracieuses Janthines, escargots prédateurs aux spirales coquillaires teintées de mauve, qui secrètent un flotteur de mucus et s'accrochent aux vélelles pour les vider de leur substance. Des anilocres, crustacés isopodes parasites de poissons mais excellents nageurs, font également partie de la pêche miraculeuse, de même qu'un bouchon de liège recouvert d'anatifes, crustacés cirripèdes pédonculés dont les anciens pensaient, on se demande bien pourquoi, qu'ils se transformaient en canards et en oies (Anatiferum : qui engendre le canard).  Bref, il y a de la vie, ce qui explique l'abondance des chasses de thons d'assez belle taille, qui seront vues tout au long de la journée.

Début mai, c'est également une bonne période pour le passage des oiseaux migrateurs : martinets, hirondelles rustiques, traquet motteux, et, plus inattendus, 3 Engoulevents d'Europe croiseront la route du bateau (un des engoulevents essaiera de s'y poser).

Enfin, cerise sur le gâteau, sur la route du retour, un dernier groupe de dauphins. De gros dauphins. De Grands Dauphins !!! Effervescence chez les membres du GECEM, trop contents de croiser leur sujet d'étude favori. Une vingtaine de Tursiops a priori, dont 3 jeunes (au moins un nouveau-né). Les contraintes du whale-watching en terme d'approche respectueuse n'en font pas la plateforme idéale pour la photo-identification, mais avec tous les photographes à bord, on espère avoir réussi suffisamment de photoS pour faire travailler fructueusement Julie et connaître l'historique de ces individus. Autant la baleine était étonnamment près des côtes sur des petits fonds, autant ces Tursiops sont loins de leur biotope préférentiel : à plus de 13 km au sud-ouest du Cap Sicié, ils chassent sur des fonds de plus de 400 mètres...

Bref, une fois de plus, une excellente sortie grâce à nos partenaires de Découverte du Vivant, sortie au cours de laquelle nous avons improvisé une conférence sur les cétacés, sans la maquette de l'écorché de dauphin, en cours de réfection. Une petite pluie aidant, les passagers se sont massés à l'intérieur du bateau, et c'est finalement une suite ininterrompue de questions-réponses qui nous a occupé pendant près d'une heure !

Frank Dhermain, Franck Dupraz, Anne-Laure Minardi.